La vraie vie des imams en France

« Les imams, on n’en entend parler que quand ils sont expulsés », m’a lancé une connaissance lorsque je lui ai annoncé que je travaillais sur cet article. Elle n’avait pas tort : en 2013, la sociologue Solenne Jouanneau montrait que, sur vingt ans, la moitié des articles de presse mentionnant des imams portaient sur des cas d’expulsion.

Ce fait est révélateur d’une injustice : la focalisation médiatique porte le plus souvent sur les moments exceptionnels, et donc les plus problématiques, plutôt que de s’intéresser au quotidien. À L’Hebdo, c’est le parti pris inverse que nous avons choisi. Car les imams du quotidien, justement, sont les piliers, ceux qui font vivre le culte musulman en France.
Souvent peu formés, ne disposant pas d’un statut administratif clair, parfois bénévoles, ils font l’objet de mille injonctions : ne pas importer les conflits, éduquer les jeunes, contrebalancer les prédicateurs d’Internet, adopter un discours éclairé…  Mais derrière ces grands enjeux – qu’ils s’approprient ou non –,  de quoi est fait, concrètement, leur travail ? En quoi consiste le métier d’imam, loin du bruit médiatique ?

Pour le comprendre, nous avons suivi quelques jours Morgan Gallet, Kadjoura Baradji et Ammar Rahal. Des imams ordinaires, dont les parcours ne se ressemblent pas, et qui ne prétendent pas incarner tous les profils d’imam en France. Pendant ces journées, ils nous ont confié leur vie, leurs questions, leurs projets et aussi leur sentiment, en tant que musulmans, d’être souvent pointés du doigt. Malgré ce climat lourd, ils nous ont ouvert la porte de leur mosquée et de leurs espaces avec une grande sincérité et beaucoup de générosité.
 
Conversation : Ervé, écrivain SDF  
Long format : Profession imam   
Pages weekend : Lire Lolita à Téhéran : une adaptation hors norme  
Récit graphique : Justine Sow, Wax paradoxe (épisode 2/11)