Les détectives de la mémoire : Enquête sur ces objets confisqués par les nazis

Edito de Bruno Bouvet, rédacteur en chef de La Croix L’Hebdo

Deux puissants antidotes à la résignation. Deux appels vivants à faire triompher une certaine idée de la justice et de la réparation. Sœur Véronique Margron et Georges Sougné, à l’honneur cette semaine dans la Conversation et le Long format de L’Hebdo, ont en commun une énergie absolument revigorante, qui se défie des obstacles et des pesanteurs.

En France, la religieuse dominicaine est devenue l’un des visages du soutien aux victimes d’actes d’emprise et de crimes sexuels, commis par des clercs. Nous avons choisi assez naturellement de lui donner la parole quand il s’est agi d’évoquer la liberté spirituelle dans notre série « Un été en liberté ». Car nous voulions savoir où elle avait puisé la force de mener ce combat, avec d’autres, pour conduire l’Église à affronter ce passé honteux et douloureux, longtemps enfoui. L’une de ses réponses nous paraît essentielle : jamais, dit Véronique Margron, elle ne s’est souciée de la réputation de l’institution, que ce travail allait forcément entacher. Au nom de sa foi et des valeurs de l’Évangile, elle a tenté de prendre ses responsabilités sans autre boussole que la défense des plus fragiles.

Une mission, un devoir… Notons que ces mots viennent aussi sous la plume d’Alice Le Dréau lorsqu’elle décrit le travail – entièrement bénévole et parfaitement laïc – de Georges Sougné, enquêteur pour les archives Arolsen en Allemagne. Comme Patrice Pauly, que L’Hebdo a également suivie, il apporte son concours à ce centre documentaire, unique au monde, qui conserve plusieurs millions de documents sur les persécutions nazies. Rien ne semble devoir l’arrêter pour parvenir à son noble but : restituer aux familles de déportés les objets confisqués à un de leurs aïeux. Avec de très faibles indices souvent en sa possession, cet Hercule Poirot de la mémoire entame de très longues investigations pour réussir à remettre un portefeuille, une montre, une photo. Une profonde émotion entoure les cérémonies toutes simples qui signent la fin des recherches. Ces instants collectifs redonnent leur dignité à des victimes bafouées, là aussi.
 
Conversation : Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France  
Long format : Les détectives de la mémoire       
Week-end : Balade. Dans le berceau de Rousseau  
Récit graphique : René Pétillon et Manu Larcenet, Palmer dans le rouge (épisode 4/7)